Les limites de la méthode Coué
Les amis, comme nous sommes en pleine période de la châtaigne (1), j’ai envie de vous parler d’Emile Coué, célèbre psychologue et pharmacien français, né en 1857, à l’origine de la fameuse méthode de guérison appelée méthode Coué et fondée sur l’autosuggestion. Le rapport entre la châtaigne et Emile Coué ne vous saute peut être pas aux yeux mais il est pourtant évident puisque le vrai nom d’Emile est Emile Coué de la Châtaigneraie dont le père, Exupère Coué de La Châtaigneraie était employé des chemins de fer. Cette information sur la profession du papa d’Emile peut vous paraître futile et pourtant elle aura son importance comme vous pourrez le constater ultérieurement.
Ceci étant dit, revenons sur cette méthode fondée sur le langage et consistant à passer à la suggestion positive du genre « tu verras, ça ira mieux demain ! ». Coué préconisait de répéter une phrase positive une vingtaine de fois par jour afin de faire pénétrer mécaniquement dans l’inconscient l’idée d’amélioration, de progrès. Les adeptes de cette méthode, qui croient dur comme fer en l’efficacité de cette litanie positive, sont appelés les « couéistes ». Ces derniers, lorsqu’ils souffrent d’insomnie, prononceront par exemple la phrase positive suivante: « je vais bien dormir cette nuit bien enroulé dans ma couette bien chaude ». Il est à noter que cette phrase est également souvent prononcée, non pas par les « couéistes », mais par les « couettistes » dont la méthode dite de la couette consiste à hiberner tout l’hiver…… sous la couette.
Vous l’avez donc compris la méthode Coué c’est très simple, vous prononcez vingt fois une action positive tous les jours et vous vous attendez qu’elle se réalise. Et c’est malheureusement là que cette méthode montre ses limites d’une part par l’absence de résultats (aucune amélioration n’est constatée malgré la répétition quotidienne d’une phrase positive) et d’autre part par des résultats qui, lorsqu’ils se produisent, ne sont pas forcément ceux que l’on escomptait à l’origine. Sur ce dernier point j’ai le souvenir d’un camarade de lycée qui en était à sa troisième tentative pour obtenir le BAC. Il avait passé son année scolaire à me dire « j’aurai mon examen », parfois il apportait une variante à son propos et il me disait « j’aurai mon examen avec mention ! », il faisait de la méthode Coué sans s’en apercevoir et, par conséquent, tout laissait à penser qu’il allait en effet obtenir son examen avec les honneurs. Le jour j du BAC mon camarade a malheureusement fait un malaise en pleine épreuve d’économie et il fut immédiatement transporté à l’hôpital où on lui fit…………..un examen sanguin. Moralité, mon camarade avait bien obtenu un examen mais ce n’était pas celui qu’il attendait. Pour ce qui est du BAC, et autant que j’e m’en souvienne, il échoua une troisième fois au rattrapage de quelques points. A ma connaissance, aujourd’hui il n’a toujours pas le BAC mais ça ne l’a pas empêché de bien réussir sa vie professionnelle puisqu’il est aujourd’hui responsable du service Go-Go dancing au Banana Café à Paris comme quoi les diplômes ça ne fait pas tout.
Bien revenons à la méthode Coué et à ses limites. S’il est bien un domaine dans lequel cette méthode aurait du faire ses preuves, c’est bien celui des chemins de fer qui, comme je vous le rappelle, n’est pas un milieu étranger à Emile Coué puisque son père était employé aux chemins de fer. Selon la méthode Coué l’usager de la SNCF va donc s’appliquer à prononcer vingt fois la phrase suivante : « mon train arrivera à l’heure ! » Et que constate-t-il cet usager ? Rien il ne constate rien, aucune amélioration. Et ce ne sont pas les nombreux passagers du train Angers-le Mans-Paris qui refusent désormais fréquemment de présenter leurs titres de transports aux contrôleurs ou les usagers du train Strasbourg – Port Bou (Antibes) du 27 décembre 2010 , train arrivé avec 13 heures de retard , qui diront le contraire. La vérité c’est que les trains n’arrivent jamais à l’heure et le patron de la SNCF, Guillaume Pépin, pardon Guillaume Pépy, le reconnaît bien volontiers en pointant du doigt l’augmentation du trafic, le vieillissement des infrastructures, la multiplication des travaux nécessaires pour entretenir le réseau, les actes de vandalisme, ainsi que le renouvellement inachevé des trains.
Mais les limites de la méthode Coué ne se limitent pas aux usagers de la SNCF. En effet bien d’autres personnes sont confrontées à son échec. On citera pèle- mêle les détenteurs d’actions de la société générale (action ayant perdu plus de la moitié de a valeur depuis le 1er janvier 2011), les citoyens Belges (qui n’ont plus de gouvernement depuis avril 2010), les chômeurs espagnols (taux de chômage de 20 % en Espagne), les agents chargés de la maintenance sur le chantier de la centrale nucléaire à Flamanville (mises en garde de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur la fiabilité du contrôle-commande, véritable "cerveau" de la centrale ; malfaçons dans le génie civil ; deux morts sur le chantier cette année ; retard de 4 ans sur le calendrier..) sans oublier les footballeurs de l’AC Ajaccio bon derniers du championnat de football de Ligue 1.
Je crois qu’il faut être réaliste la méthode Coué ça ne marche pas et j’en ai pour preuve l’arrêt de l’émission, diffusée sur TF1, de Sébastien Cauet le 18 décembre 2008 « la Méthode Cauet (2) ». Tout le monde a en mémoire cette émission, que je ne peux, bien entendu, pas qualifier de culturelle, et dans laquelle l’invité, installé dans un fauteuil et relié à un capteur cardiaque (afin de calculer son émotivité), était questionné par Cauet dans une ambiance joviale.
Il n’en reste pas moins que pour TF1 la Méthode Cauet était sans doute usée, un peu comme la méthode Coué finalement.
Néanmoins tout n’est pas à jeter dans la méthode Coué. En ce qui me concerne, le seul moment où je me répète une action qu’il faut que je fasse, c’est le matin. Je n’arrête pas de me dire « tu vas te lever, tu vas te lever.. » et vous savez quoi çà marche !
Je me rends bien compte que je n’ai guère positivé durant cette chronique aussi j’aimerai terminer sur une note joyeuse grâce à la châtaigneraie, vous vous rappelez c’est le vrai nom d’Emile, Emile Coué de la Châtaigneraie. Et là vous vous dîtes comment il va s’en sortir pour finir sur une note joyeuse avec la Châtaigneraie. Et bien c’est très simple sachez que la ville de Joyeuse en Ardèche consacre un musée à la châtaigneraie ; en octobre, une grande manifestation réunit casténéïculteurs (3) et public lors des « Castagnades (4) » dans le Parc naturel régional des Monts d'Ardèche.
Bien je crois qu’il est temps de vous laisser, de toute façon c’est l’heure de la soupe, je ne saurai trop vous conseiller à ce sujet la fameuse soupe corse………..à la châtaigne bien entendu !
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Les châtaignes se trouvent sur les marchés entre septembre et février.
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Le titre de l'émission jouait sur la paronymie entre d'une part Coué et sa fameuse méthode, et d'autre part le nom du présentateur principal.
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Métiers gravitant autour de la production et de la transformation de la châtaigne
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Rien à voir avec la castagne où on se prend des marrons en pleine tête