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les loufoqueries du docteur Chabry
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5 décembre 2011

le vrai gang des Lyonnais

gang lyonnais

Les amis, si vous êtes cinéphiles et amateurs de films policiers, vous irez sûrement voir le dernier film à l’affiche, à savoir « les Lyonnais » réalisé par Olivier Marchal, relatant l’histoire d’une bande de braqueurs ayant sévi dans la région lyonnaise dans les années 70. Celle-ci a été surnommée le gang des lyonnais tout comme la bande dont j’étais membre lors de mes années étudiantes passées à Lyon, deux années pour être plus précis, 1995 et 96 durant lesquelles j’ai vainement tenté d’obtenir une licence d’aménagement du territoire. Préférant plutôt aménager mon temps libre, j’ai alors sympathisé avec quatre autres acolytes rencontrés lors d’un concert d’Iggy Pop à la Halle Tony Garnier de Lyon. A la sortie de celui-ci, encore sous l’emprise des morceaux diaboliques de  « l’Iguane » et complètement euphoriques, nous avons alors créé le gang des Lyonnais dont la mission n’avait pour but que d’écumer les bars du Vieux Lyon. Je ne me doutais pas alors que notre bande, pendant deux ans, allait agir régulièrement, en multipliant les beuveries, provoquant chez les tenanciers du quartier une crainte tout à fait légitime à notre égard.

 A la tête du gang Raphaël dit « Maître Barbecue ». Cet amateur de saucisses et merguez capable de mettre directement ses mains dans les braises du barbecue en sifflotant un air d’Iggy Pop, était sans conteste le membre le plus actif du gang. Véritable force de la nature, il était, comme tous les grands caïds du milieu criminel, obsédé par le liquide à la différence près que son liquide à lui était du vin, de préférence du côte du Rhône ou du Beaujolais,  gang des Lyonnais oblige. Il ne sortait jamais dans la rue sans son arme, un tire-bouchon à deux crans, la Rolls Royce des tires- bouchons, ceux là même qu’utilisent les plus grands sommeliers. Côté munitions il faisait dans la démesure, du magnum bien entendu, pas le magnum 357, cette célèbre cartouche employée pour les revolvers, mais la fameuse bouteille conçue pour contenir l'équivalent de deux bouteilles de 75 cl, soit un litre et demi. Arrêté à maintes reprises par les forces de l’ordre pour état d’ivresse, il n’en demeurait pas moins très respecté par les policiers car il avait une morale, des codes, des règles, celle notamment de toujours achever une bouteille entamée. En outre son humour était très apprécié, c’est ainsi qu’en cellule de dégrisement il demandait constamment qu’on lui serve un petit vin gris histoire d’être en parfaite harmonie avec sa cellule…….de dégrisement.

 Bien que le chef de gang apparaisse comme un personnage haut en couleur, les autres membres de celui-ci n’étaient pas en reste à commencer par Olivier dit « le Professeur ». Cet éminent historien, amateur de pastilles de vichy et spécialiste de la culture asiatique, avait insisté auprès du Maître pour que notre bande sévisse uniquement dans le Vieux Lyon en arguant que ce quartier, d’un point de vue historique, était tout bonnement remarquable. Il est vrai que ce quartier médiéval et Renaissance situé au pied de la colline de Fourvière avait été classé dans la liste du patrimoine de l'humanité établie par l'UNESCO. Le Professeur, lui aussi, ne sortait jamais sans son arme. Contrairement au Maître Barbecue, il préférait le tire-bouchon à mèche. Que celui-ci soit à mèche pleine ou à mèche en queue de bouchon, il n’en n’avait cure, ce qui lui importait c’est qu’il soit à mèche, à vrai dire il ne jurait que par les mèches et c’était d’autant plus drôle que, tout comme moi, les cheveux commençaient à lui faire défaut.

 

Autre membre influent du gang Nico dit « l’Empereur ». Cet ancien enfant de chœur, ex petit chanteur à la croix de bois et joueur de batterie occasionnel était celui qui commandait la mobilisation des membres du gang, qui planifiait les virées nocturnes. Vous vous demandez peut être, cher lecteur, comment un ancien enfant de chœur a pu se retrouver à un concert d’Iggy Pop. A cette interrogation tout à fait judicieuse, je répondrai juste qu’il est grand le mystère de la foi. Nico n’avait de cesse de nous rappeler les vertus du vin en se basant sur le premier miracle de Jésus à savoir les Noces de Cana. « Si Jésus a transformé l’eau des jarres en vin c’est bien la preuve qu’on peut le consommer sans modération » aimait-il proclamer. Nous ne pouvions, bien entendu, que le conforter dans son jugement qui nous paraissait très sensé. Une fois par an, néanmoins, son invitation à consommer sans modération, était mise à rude épreuve. En effet chaque année, « l’Empereur » insistait pour que nous participâmes à la fête des illuminations ou fête des lumières du 8 décembre, dont l’origine religieuse liée à la Vierge Marie (1) expliquait sans doute l’intérêt qu’il portait à celle-ci. Cette fête, consistant à mettre des lumignons sur le rebord des fenêtres, était un crève - cœur pour nous tous. Nous étions en effet contraints par l’Empereur de garnir nos verres d’une bougie et non du précieux liquide à base de raisins auquel nous vouions une admiration sans borne. Prenant conscience de notre désarroi, l’Empereur nous autorisait alors à boire le vin directement au goulot mais cette manière de faire était en totale contradiction avec le savoir vivre qui nous caractérisait. Aussi nous rongeâmes notre frein comme nous pûmes attendant patiemment la fin de cette fête qui malheureusement pour nous duraient quatre jours autant dire une éternité. C’est dire l’influence qu’avait sur le gang l’Empereur, réussir à ne pas nous faire consommer d’alcool pendant une période aussi longue relevait du miracle.

 

Personnage atypique du gang, Manu dit « L’Irlandais » ou « Le moustachu » se démarquait des autres membres en ne consommant uniquement que de la Guinness dans laquelle il aimait tremper ses moustaches. Dès que le gang pénétrait dans un bar, il prenait à part le barman et lui expliquait qu’il allait devoir servir sa pinte en deux temps en la remplissant tout d'abord à 70-80% puis en attendant que les bulles se stabilisent et que le chapeau de crème redescende avant de pouvoir terminer de servir celle-ci. Constatant que l’Irlandais ne plaisantait pas, le barman s’exécutait sur le champ. Ce service en deux temps avait en fait une origine religieuse. Arthur Guinness (fondateur de la brasserie irlandaise Guinness en 1759) aurait commencé à se servir quand sonna l'heure des vêpres (prière durant laquelle on stoppe toute activité pour le recueillement). Il dut s'arrêter de remplir sa pinte pour ne reprendre que quelques minutes plus tard. Sa Guinness lui sembla meilleure, et généralisa cette méthode de service en deux temps. Cet aspect religieux de la Guinness avait rendu l’Irlandais très complice de Nico dit « l’Empereur » qui, je le rappelle, avait été ancien enfant de chœur. « Toi seul Nico peut comprendre ce service en deux temps, les vêpres ça te parle à toi» lui répétait-il sans cesse. Un jour j’ai eu le malheur de demander à Manu si, au tennis, il servait aussi en deux temps, ça ne l’a pas fait rire et j’ai du lui payer beaucoup de pintes pour retrouver sa confiance. Une autre manie de l’Irlandais consistait à dessiner un trèfle dans la mousse. S’il était impossible d’en faire un, alors il ne payait pas sa Guinness. Nous autres membres du gang n’étions pas surpris par son comportement puisqu’il nous arrivait fréquemment de ne pas payer un vin bouchonné qui, je le rappelle pour les novices en œnologie, se dit d’un vin qui a le goût de bouchon et dont la qualité est par conséquent douteuse. Bien entendu et, conformément à notre code de conduite qui exigeait que toute bouteille entamée soit achevée, nous attendions d’avoir vidé la bouteille pour signaler au tenancier que son vin était bouchonné et que par conséquent il ne serait pas rétribué financièrement. Je dois reconnaître que plus la soirée avançait plus nous avions tendance à suspecter les vins d’être bouchonnés. Ces appréciations sur la qualité du vin qui apparaissaient non fondées chez les tenanciers de l’époque étaient en fait la conséquence de l’état de nos bourses. Pour la faire simple quand on n’avait plus d’argent alors le vin était forcément bouchonné et c’est alors que Maître Barbecue se levait et devant toute l’assemblée avec sa grosse voix disait « c’est quand même un comble d’être dans un bouchon (1) et de boire du vin bouchonné ! ».  Afin de ne pas salir la réputation de leur établissement et pour faire taire Maître Barbecue, les tenanciers se trouvaient alors contraints  de ne pas nous faire payer la bouteille. Par contre ils hésitaient grandement à nous en apporter une autre de peur qu’on leur refasse le même coup. Non y’a pas à dire c’était vraiment une sacré époque. Le vin ne voyait le jour que dans nos verres, où il ne restait pas longtemps, ce qui lui suffisait pourtant pour nous éclairer et par fois nous illuminer (2).

 

Le dernier membre du gang n’était autre que moi, Pat dit « Guignol » en référence à la marionnette, emblème de la ville de Lyon. Malgré les apparences peu flatteuses de ce surnom, je dois dire que j’étais assez fière que les autres m’aient affublé  de celui-ci. A la fois naïf et malin, honnête et sans scrupules, le personnage de Guignol change, évolue sans cesse au cours des pièces. Les traits dominants restent le côté bon vivant, l'attrait pour la bonne chère, le bon vin, l'amitié (notamment avec son ami Gnafron) ; sans oublier les fameux coups de bâton, ou tavelle. D’ailleurs à ce propos, si les autres membres, à l’exception de l’Irlandais, étaient constamment armés d’un tire-bouchon, j’étais pour ma part, à chaque fois que je sortais avec le gang, toujours armé d’un bâton, censé nous protéger des policiers municipaux qui avaient à l’époque, et ont toujours, une sale réputation. Ce bâton n’était rien d’autre qu’une vieille canne. L’Empereur m’avait bien proposé un bâton d’évêque, également appelé crosse épiscopale, qu’il avait volé dans sa jeunesse à l’évêque de sa paroisse, néanmoins, la forme imposante du bâton, et plus particulièrement de la crosse avec sa forme recourbée, m’avait fait décliner son offre. L’Empereur l’avait mal pris en m’expliquant qu’une crosse épiscopale ça ne se refuse pas, que jamais de sa vie il n’avait proposé une telle offrande et qu’il n’était pas prêt de me proposer à nouveau  quoi que ce soit ne serait ce qu’un carré de chocolat ou une hostie. Ce n’était pas la première fois que j’étais en froid avec un des membres du gang, je savais comment procéder pour restaurer la confiance, l’expérience avec l’Irlandais m’avait montré qu’en payant plusieurs verres on restaurait l’amitié. Et cela fonctionna également avec l’Empereur.

Aujourd'hui encore, à chaque fois que j'ouvre un côte du Rhône, me reviennent les images de nos pérégrinations anciennes, nous étions insouciants, audacieux, plein d'énergie, je crois pouvoir dire, sans trop me tromper, que nous avions mangé du...............lion (3).

   

(1)     restaurant typique où l'on mange des spécialités, dont le tablier de sapeur, les quenelles, la salade lyonnaise …

(2)     sachant que le gang a participé à la fête des illuminations, le verbe « illuminer » est ici, vous en conviendrez, subtilement choisi.

(3)     emblème de la ville de Lyon figurant sur le blason de la ville.

 

gang lyonnais                            tire bouchon

les faux Lyonnais                    le tire- bouchon à 2 crans de Maître Barbecue

 

 

 

magnum                                                        iguane

le magnum utilisé par Maître Barbecue              l'Iguane en concert

 

pastilles                               tire bouchon à meche

les pastilles du Professeur                     le tire-bouchon....à mèche du professeur

 

 

 

la fete des lumières                                             guiness

la fête des lumières ...                        la Guinness.toujours en deux temps le service                 

un crève - coeur pour le gang         

             

 

crosse episcopale                                              guignol

la crosse épiscopale que j'ai refusée                  c'est moi

 

 

carte géographique                        vieux lyon

la carte géographique du gang                 le Vieux Lyon

 

 

le blason de la ville

 

 

le blason de la ville

 

 

 

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Commentaires
Z
Coucou,<br /> <br /> <br /> <br /> Ce véto serait-elle une femme ?<br /> <br /> <br /> <br /> Pousserait-il la supercherie jusqu'à se faire passer pour un guignol ? <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai passé de bons moments à lire votre prose (féminine ou masculine, mais je pense pour le féminin...)<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne journée moi, je retourne à mes moutons.
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