Les vies parallèles des alpinistes et des pilotes d'avion

 Les amis, le hasard du calendrier fait

 qu’en cette fin mai 2013 ont été fêtés, à quelques jours près, les 60 ans  d’existence de la patrouille acrobatique de France et les 60 ans de la première ascension de l’Everest par le Néo-zélandais Edmund Hillary (1), et le Népalais Tenzing Norgay.

Mais est-ce vraiment un hasard ? N’est-ce pas là plutôt le signe évident qu’alpinistes et pilotes d’avions de chasse mènent des vies parallèles, des vies dont les caractéristiques sont similaires ?

Une caractéristique commune à ces deux pratiques que sont l’alpinisme et l’aviation réside dans l’altitude. Pour les alpinistes ayant réussi à gravir l’Everest, c'est-à-dire le plus haut sommet du monde, l’altitude atteinte est de 8 848 m. Altitude oh  combien vertigineuse mais sans commune mesure avec celle des pilotes de la patrouille de France dont les alpha jets peuvent atteindre un plafond de 15 000 m.

Autre caractéristique commune : les couleurs. En ce qui concerne les alpinistes, ces derniers en verront de toutes les couleurs avant d’arriver au sommet. Vent, brouillard, froid, crevasses à franchir, bref de quoi en décourager plus d’un. Pour ce qui est des pilotes de la patrouille de France, eux aussi en envoient de toutes les couleurs mais exclusivement du bleu, blanc et rouge.

Mais, trêve de plaisanterie, la caractéristique la plus évidente qui témoigne de la symbiose entre alpinisme et aviation réside bien entendu dans le danger. Pour les alpinistes le danger est celui d’être emporté à tout moment par une avalanche ou, pire encore, de se faire manger par l’abominable homme des neiges, j’ai cité le Yéti, dont la présence dans la région himalayenne n’est aujourd’hui plus à démontrer. Pour les pilotes d’avions de chasse le risque est celui de la panne réacteur qui ne leur laisse pas d’autre choix que d’actionner la poignée de leur siège éjectable. Le danger est alors bien réel en raison de la vitesse de l’éjection (entre 900km/h et mach 1,3) qui peut occasionner chez le pilote des blessures graves voire mortelles. On notera que ce geste salvateur est fréquemment utilisé par les pilotes lorsque ceux-ci croisent dans les airs l’hélico de Michel Drucker (2) accompagné de sa chienne Olga faisant office de co-pilote. Le risque de collision étant alors trop important les pilotes n’ont pas d’autre choix que de s’éjecter. 

Le danger est donc bien une notion permettant d’affirmer qu’alpinistes et pilotes d’avion ne font qu’un. J’en veux pour preuve le cas de Marie Marvingt que l’on surnommait justement « la fiancée du danger (3) ». Classée numéro 5 des alpinistes françaises en 1910, elle fut la première femme à gravir la plupart des sommets du massif de Chamonix. Marie fut également une pionnière de l’aviation en France. Surnommée aussi « la reine de l’air » elle effectuera plus de 900 vols sans casser du bois. Bref vous l’avez deviné nous avons à faire là à une femme exceptionnelle qui a fait de sa vie un défi permanent. Certaines de ses devises, « Savoir vouloir », « Je décide de faire mieux encore et toujours » résument parfaitement la pensée de celle qu'on a aussi qualifié de « femme la plus extraordinaire depuis Jeanne d'Arc ».

Finalement c’est à se demander comment le cinéma a pu l’ignorer (4). Comment se fait-il qu’aucun film retraçant la vie de Marie Marvingt n’ait été réalisé ? En ce moment sort sur les écrans un film intitulé « la grande boucle » avec Clovis Cornillac dans lequel le héros, un passionné du Tour de France, part faire la Grande Boucle. Alors pourquoi pas un film sur Marie Marvingt ? Quel rapport me direz-vous ? Mais le rapport c’est que Marie Marvingt a justement fait le Tour de France, en 1908 pour être plus précis, sauf qu’à la différence de Clovis parti un jour d’avance sur les pros, Marie, elle prit le départ plus tard qu'eux. L’histoire ne nous dit pas si elle a rattrapé les pros mais force est de constater que cette femme était véritablement une femme hors du commun qui a amplement participé, à travers sa propre émancipation, à celle des femmes en général.

L’heure est venue d’achever cette chronique. En terminant sur le cas de Marie Marvingt et de sa participation à la grande boucle, je considère pour ma part que la boucle est bouclée !

(1)   son ascension n’a pourtant pas été une franche rigolade

(2)   il n’est pas surprenant de retrouver Michel Drucker dans cette chronique puisque sa nièce Marie Drucker vient justement de présenter sur France 2 une émission célébrant les 60 ans de la Patrouille de France.

(3)   On notera, une fois n’est pas coutume, l’aptitude du Dr Chabry à faire des transitions que l’on peut qualifier, toute modestie gardée, de remarquable. Grâce à lui, Marie Marvingt n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe dans cette chronique puisqu’elle est surnommée la fiancée du danger. Or tout un paragraphe de cette chronique est justement consacré au danger.

(4)   C’est d’autant plus étonnant qu’on la surnommait « la femme la plus extraordinaire depuis Jeanne d’Arc ». Or on ne compte plus les films de cinéma portant sur Jeanne d’Arc.

   Edmund Hillary et le Népalais Tenzing Norgay :contrairement à ce que laisse supposer le nom d'Edmund, l'ascension de l'Everest n'a pas été une partie de rigolade

    Marie Marvingt "la reine de l'air" 

    "Elle vole Marie, elle vole / Elle adore quand ça décolle/ Et elle vole Marie elle vole/ pour oublier qu'elle n'a pas eu de bol" (Chanson détournée de François Valery - Elle danse Marie)

    La plus grande crainte des pilotes d'avion de chasse: croiser l'hélico de Michel Drucker!

 oui vous ne rêvez pas c'est bien Michel Drucker à bord d'un alpha jet!