Quand les échecs permettent aux sans papiers de régulariser leur situation

16 mai 2012

Quand les échecs permettent aux sans papiers de régulariser leur situation

Les amis, pour tous les étrangers en situation irrégulière, également nommés « sans papiers » ou « clandestins », sur le territoire national, il existe désormais une solution leur permettant d’obtenir une autorisation de travail et de séjour.

La solution nous vient de Créteil, dans le Val-de-Marne, où le père et son fils de 11 ans, originaires du Bangladesh et arrivés illégalement en France en 2008, ont obtenu récemment de la préfecture une régularisation de leur situation et, du maire de Créteil, une promesse de logement et de travail . « Mais comment est-ce possible ? » vous demandez-vous trépignant d’impatience. En effet je sais que, parmi mes lecteurs fidèles, il y a de nombreux sans-papiers (et je les en remercie au passage car sans eux mon blog ne serait pas ce qu’il est en terme de fréquentation) d’où cette impatience somme toute logique à obtenir la réponse à la question suivante qui n’a pas changé et qui est toujours « Mais comment est-ce possible ? ». La réponse est simple, il faut être champion. Dans le cas qui nous intéresse le jeune garçon de 11 ans, prénommé Fahim Alam, est un prodige puisqu’il est champion de France d’échecs. Et c’est bien entendu cette victoire qui a facilité sa régularisation ainsi que celle de son père (1). Le moins qu’on puisse dire c’est que grâce à cette astuce ils ne se sont pas faits « mater » (2) par l’Etat français.

Alors je sais bien ce que vous allez me dire : « tout le monde ne peut pas être champion d’échecs ? » Et je vous répondrai « En effet ……...mais tout le monde peut être champion de quelque chose ! ». Il suffit juste de trouver le sport dans lequel on excelle et ,croyez moi, ce n’est pas ce qui manque. Quand je dis ça je ne pense pas aux sports classiques dans lesquels il est très compliqué de percer et d’être champion mais plutôt dans des sports atypiques encore peu médiatisés. C’est le cas du « chess boxing » (3 et 3 bis) combinant jeu d’échecs et boxe anglaise.Dans la pratique, le match dure 11 rounds (6 d'échecs et 5 de boxe en alternance). Un round d'échecs dure 4 minutes, contre 3 pour la boxe. Les joueurs ont une minute pour se changer entre chaque round. La rencontre se termine sur un échec et mat, sur un abandon, un KO ou à la fin du temps réglementaire. Dans ce cas, le joueur qui a les pièces noires est déclaré vainqueur. Mais il existe bien d’autres compétitions de sports décalées susceptibles d’offrir aux sans-papiers le fameux sésame qu’est le droit de séjour, à la condition qu’ils soient champion bien sûr. On citera entre autres la course à la brouette, le hockey subaquatique, la course au fromage, le football en marécage, le lancer de menhirs, le porter d’épouses, la natation dans la boue, le baby foot subaquatique, j’en passe et des meilleures…Certes ces sports sont moins nobles que les échecs, j'en conviens bien volontiers, mais s'ils permettent aux clandestins d'être régularisés on ne va pas faire la fine bouche.

Bien j'espère que cette chronique aura remonté le moral à tous les sans papiers de notre pays de la même manière que les échecs avaient été inventés par Palamède, l'un des héros grecs, pour remonter le moral des troupes durant le siège de Troie, c'est du moins ce que révèle la légende. Et puisqu'il a été question essentiellement de jeu d'échecs dans cette chronique, je me dois de conclure celle-ci par ma signature (correspondant aux trois premières lettres de mon prénom ) qui est de circonstance puisqu'elle fait référence à une expression utilisée par les joueurs d'échecs pour déclarer une partie nulle.

Signé : Pat

(1)

Aussi longtemps qu'il n'a pas été champion", son dossier n'a pas été examiné" (entraineur d'un jeune sans-papiers)

(2) expression subtilement employée par l’auteur de la chronique puisque mater est un terme propre aux échecs signifiant mettre le roi en position d’échec.

(3) excellente transition faite par l'auteur de la chronique puisque le chess boxing a trait en partie aux échecs dont il est question depuis le début de celle-ci. Si l'auteur avait commencé son énumération de sports atypiques par la course aux fromages ou le porter d'épouses, par exemple, la transition aurait été ratée.

(3 bis) L'origine de cette discipline est étonnante. C'est le dessinateur Enki Bilal, dans sa BD "Froid Equateur" (tome 3 de la trilogie "Nikopol"), qui imagine un nouveau sport, combinant jeu d'échecs et boxe anglaise.