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les loufoqueries du docteur Chabry
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19 mars 2014

Le sous-marinier où le dîner de con n°8

Le-sous-marin-rose-dessin-anime

-          Patrick, j’ai un huitième dîner de con à te proposer, ça te dit ?

 

Le fait d’entendre mon ami Stéphane au téléphone me proposer un nouveau dîner me rappela le moment agréable que nous avions passé en compagnie du joueur de bowling  il n’y a pas si longtemps de çà. J’étais impatient de savoir quel spécimen mon ami avait bien pu dénicher cette fois-ci.

 

-          Avec plaisir et de qui s’agit-il ?

-          D’un passionné de sous-marins ! Il passe son temps libre à fabriquer des maquettes mais également à collectionner des livres, des films et même des timbres sur les sous-marins. Je lui ai dit que tu adorais jouer à la bataille navale, ça l’a amusé

-          Je suis touché par ton audace ….

-          Non t’es pas touché t’es coulé car, je préfère te prévenir, ce mec- là est imbattable à ce jeu. En tout cas  fais-moi confiance on devrait bien rire…

 

Nous débarquâmes le soir même dans son appartement, situé au sous-sol d’un vieil immeuble, dont l’adresse n’était autre que la rue du sous-marin Casabianca  à Brest. Une fois arrivé devant sa porte d’entrée et après avoir actionné, à l’aide d’une corde, une cloche de navire faisant office de sonnette, le visage d’un  homme d’une quarantaine d’années environ ,aux traits tirés et au regard méfiant, apparut instantanément à travers le hublot de la porte. Après nous avoir scrutés de haut en bas, il nous fit entrer, et referma derrière nous la porte d’entrée en tournant énergiquement le volant placé sur le côté intérieur de celle-ci. Sa porte d’entrée était en fait une véritable porte de sous-marin.

 

-          messieurs, je vous souhaite la bienvenue à bord. Stéphane m’ayant prévenu de votre visite je me tenais aux aguets. J’espère ne pas  vous avoir trop effrayé lorsque j’ai collé mon visage au hublot mais je procède toujours de la sorte lorsque la sonnette retentit. J’aime bien m’assurer qu’il ne s’agit pas de démarcheurs…

 

La mauvaise foi qui nous caractérise à moi et Stéphane nous fit répondre que nous n’avions absolument pas eu peur et que, bien au contraire, le visage aimable et accueillant, qui nous était apparu à travers le hublot, nous rendait impatient de faire plus ample connaissance avec notre hôte. Stéphane se permit même l’audace de faire remarquer à celui-ci que le judas de sa porte d’entrée n’était pas très discret. Notre hôte ne releva pas ce trait d’humour et, tout en nous invitant à le suivre, enchaîna :

 

-            J’espère que vous ne souffrez pas de claustrophobie car, autant vous le dire tout de suite, j’ai conçu mon appartement de telle sorte que l’on s’y sente comme dans un sous-marin.

 

-          c’est ma foi une idée originale mais qui doit être peu aisée à réaliser ajoutais-je

-    détrompez-vous me dit-il, il suffit juste de faire preuve d’un peu d’imagination. Tenez par exemple j’ai su recréer cette ambiance si particulière que l’on retrouve dans n’importe quel sous marin en remplaçant simplement tous mes lustres par des blocs néon et en dotant toutes mes appliques et lampes basses d’ampoules rouges. De 08h00 à 20h00 mes luminaires passent sur éclairage jours, le blanc, puis de 20h00 à 08h00 sur éclairage nuit, le rouge.

Alors que nous suivions notre hôte le long d’un couloir qui n’en finissait plus et marqué par un indescriptible fouillis, de tuyaux, de câbles, de vannes, de manomètres, vu-mètres, compteurs et autres boitiers de commande, je me mis à renifler bruyamment.

-          L’odeur vous intrigue n’est-ce pas ?

-          Un peu lui avouais-je, on dirait………

-          De l’huile de moteur ni plus ni moins, j’ai remplacé l’eau de mon  humidificateur d’air par cette huile spécifique afin de retrouver cette odeur des différents fluides à laquelle les sous-mariniers s’habituent très vite

-          Astucieux ! m’exclamais-je

-          Oui quand je vous disais qu’il suffit juste d’un peu d’imagination…..c’est comme les nombreux haut-parleurs que j’ai installé tout le long de ce couloir et qui diffusent des échos de sonar…si vous voulez je peux les mettre en marche histoire d’être véritablement dans l’ambiance……

Stéphane, qui jusqu’à présent s’était tenu très discret et dont l’envie d’écouter des échos de sonar n’était pas des plus pressante, prit alors l’initiative de faire une remarque que je qualifierai de risquée car celle-ci pouvait être perçue comme particulièrement désobligeante par notre ami. Je retrouvai bien là chez Stéphane l’esprit du joueur de poker qui aime prendre des risques.

       -   Dis-moi l’ami, arrêtes-moi si je me trompe mais en navigation sous-marine plus on descend, plus la pression augmente. N’est-ce pas ?

      -    En effet il s’agit du principe de Pascal…mais il y a aussi le principe d’Archimède qui   est très important …….

      - Et en quoi s’exerce cette pression ? lui demanda Stéphane qui n’en avait rien à faire du principe d’Archimède

      -En bars ! Pour être plus précis j’ajouterai qu’à l'immersion de 100 mètres s'exerce une pression de 10 bars.

     - Justement à propos de bars tu n’aurais pas quelque chose à nous offrir?

     - Je manque  à tous mes devoirs messieurs,  je reviens immédiatement ! Pour votre gouverne sachez que je vais chercher ce qu’il nous faut dans un frigo situé tout au bout de ce couloir, car, vous l’avez peut-être déjà deviné, mon appartement est constitué de ce seul et unique couloir long de 130 mètres.

 

Stéphane et moi-même avions du mal à dissimuler notre satisfaction. Nous étions en présence d’un champion du monde toutes catégories confondues. Ce mec-là avait réussi l’exploit de faire de son appartement un véritable sous-marin. En outre nous comprenions mieux désormais pourquoi celui-ci était situé au sous-sol. L’absence de fenêtres, susceptibles de faire pénétrer la lumière du jour, contribuait grandement à cette ambiance glauque et froide que l’on retrouve dans tous les sous-marins.

Quelques instants après notre hôte était de retour avec un pichet de bière, trois verres et un gobelet en plastique le tout accompagné d’une planche de charcuterie. Après nous avoir servi généreusement en jambons, pâtés et autres saucisses, il reprit :

  

-          Vous savez, avoir l’impression de vivre dans un sous-marin n’est pas compliqué, ça ne nécessite pas forcément d’avoir un appartement comme le mien, en fait il vous suffit juste d’adopter un certain mode de vie…

-          C’est-à-dire ? lui demandais-je

-          Par exemple prenez l’habitude, après un orage,  de procéder chez vous  à  une ronde d’étanchéité, en vérifiant l’absence d’entrée d’eau sur toutes les ouvertures avec l’extérieur -portes, fenêtres, aérateurs, appliques électriques, câble du téléphone et de la télévision…- à l’aide d’une lampe de poche et rendez compte de préférence en pleine nuit !

-          A qui ?

-          A qui vous voulez, votre femme, vos enfants, vos voisins que sais-je ? Vous trouverez bien quelqu’un à importuner ! Prenez également l’habitude, deux nuits sur trois, de faire fonctionner au milieu de votre salon et pendant quatre heures environ votre tondeuse à gazon en la surveillant ou allez démarrer votre voiture dans votre garage en relevant tous les quarts d’heure la pression d’huile, la température d’eau et le compte-tours. En fin de quart, vérifiez la pression des pneus. Dans l’hypothèse où vous n’auriez pas de tondeuse ni de voiture, relevez alors les consommations d’eau, d’électricité et toutes autres informations disponibles et consignez les dans un cahier à la fin de chaque heure. Vous l’aurez compris les amis être sous-marinier c’est passer son temps à vérifier les niveaux…

Nous avions beau être aux anges avec notre ami, il n’en restait pas moins que notre soif allait grandissante et la vision du pichet de bière ne faisait qu’accentuer celle-ci. Réalisant que nos verres étaient toujours vides et que nous étions assoiffés, notre hôte ajouta :

-          Ne vous inquiétez pas les amis, vous allez boire et plus que de raison je peux vous le garantir. Seulement pour ça il va falloir jouer à ce jeu dont le nom n’est autre que « le sous –marin » et dont la règle est enfantine. Pour ce jeu, vous devrez plonger le gobelet en plastique dans le pichet et le remplir de bière de manière à ce qu'il flotte à la surface en dépassant de 2 ou 3cm.Il symbolise le sous-marin. Lorsque le gobelet se sera stabilisé, chacun de nous remplira son verre de bière. Chacun notre tour, nous devrons verser pendant 3 secondes de la bière dans le gobelet qui flotte, sans interrompre le flot pendant les 3 secondes entières. Le but est de ne pas faire couler le gobelet pendant les 3s. Le joueur qui fait couler le gobelet a perdu et doit récupérer le gobelet au fond du pichet et boire son contenu cul-sec. Si le gobelet coule après les 3s, c'est le joueur suivant qui perd, même s'il n'a pas commencé à verser. Inutile de vous préciser qu’il est interdit d'appuyer son verre sur le rebord du pichet pour ne pas trembler lorsque l'on verse dans le gobelet.

Stéphane qui ne manquait pas d’audace crut alors bon d’ajouter :

-          Ton jeu, qui nécessite de l’adresse, est certes très amusant,  toutefois, si je puis me permettre, il n’est pas forcément très propre car, si j’ai bien tout compris, il faut plonger la main dans le pichet de bière pour récupérer le gobelet coulé

-          Dis donc tu ne vas pas faire ta chochotte Stéphane, t’as soif oui ou non ?

 

Stéphane ne broncha pas et nous jouâmes pendant une durée fixée par notre hôte à une demi-heure. En effet, selon lui, jouer au-delà de cette durée pouvait nous exposer à un coma éthylique et notre hôte ne souhaitait en aucune manière nous amener aux urgences. Ce n’était d’ailleurs pas tant notre santé qui le préoccupait que le fait de devoir quitter son appartement ou plutôt son sous-marin auquel il vouait une admiration sans nom. L’abandonner ne serait-ce qu’une heure était pour lui une chose inconcevable. Notre hôte étant particulièrement adroit à ce jeu, seuls Stéphane et moi-même bûmes l’intégralité des nombreux pichets qui se succédèrent pendant cette demi-heure et dont le nombre exact nous a échappé.

A l’issue de cette partie j’interrogeai de nouveau notre hôte :

-          Alors comme ça vous pensez qu’on peut nous aussi, chez nous, avoir l’impression d’être comme dans un sous-marin ? Il suffirait d’adopter ce mode de vie que vous nous avez décrit

-     Mais oui absolument et je vais vous donner d’autres exemples puisque vous me le demandez…. Vous pouvez prendre l’habitude d’établir vos menus pour quatorze jours et les reconduire à l’issue, prendre l’habitude de ne plus vous lavez, au mieux avec un verre d’eau par jour, prendre l’habitude de dormir tout habillé avec du linge douteux. Dernier point crucial, très régulièrement, hurlez « alerte, 55 mètres rapides !! ». Courrez en cuisine et faites tout tomber par terre, dont le repas puis engueulez votre épouse parce que tout n’était pas rangé ou calé !!!

Alors que nous rigolions comme des bossus, notre hôte, tout en me fixant dans les yeux, reprit :

-          Alors comme ça Stéphane m’a dit que vous étiez un adepte de la bataille navale..

-          C’est-à-dire que je joue de temps en temps bredouillais-je….mais je ne suis certainement pas aussi doué que vous à ce jeu, j’ai cru comprendre que vous ne perdiez jamais ?

-          En effet je n’ai jamais connu la défaite à ce jeu………… 

-          Mais comment réussissez-vous à battre à chaque fois vos adversaires ?

-          C’est très simple je ne joue que contre des personnes atteintes de la grippe ou alors des femmes…

-          Vous m’intriguez…..

-          Figurez-vous que j’ai constaté que lorsque je jouais contre une personne grippée cette dernière plaçait inconsciemment tous ses navires de telle sorte que ceux-ci touchent au moins une case de la colonne H, c’est ainsi que les cases H1, H5 et H7 sont des cases sur lesquelles sont constamment positionnés des navires

-          Incroyable en effet mais pourquoi ces cases en particulier ?

-          A cause des noms donnés au virus de la grippe,  H1N1 ça ne vous dit rien ? et H5N1 ? et H7N9, bien sûr la lettre N ici importe peu puisque le jeu s’arrête à la colonne L, il n’en reste pas moins que la colonne H, elle, va grouiller de navires en tout genre.

-          Et les femmes, lui demandais-je, comment se fait-il que vous les gagniez chaque fois à ce jeu ?

 

C’est alors qu’un sourire malicieux se dessina sur le visage de notre hôte puis il reprit :

-          C’est très simple car les femmes placent inconsciemment tous leurs navires de telle sorte que chacun d’entre eux touchent au moins une case de la colonne G, chez certaines joueuses c’est toute la colonne G qui grouille de navires comme si elles étaient à la recherche…….. 

-          Du point G ! s’exclama Stéphane qui tout d’un coup venait de sortir de sa torpeur excité par l’évocation de ce point précis

-          Exactement, reprit notre hôte, d’ailleurs je peux bien vous faire cette confidence mais à chaque fois que je touche un de leur navire dans cette colonne, et ce, quel que soit la case, G1,G2,G3….,  la femme en question jubile, oui vous m’avez bien entendu elle jubile comme si elle éprouvait un……….orgasme, incroyable non ?

-          Trop fort s’exclama Stéphane, l’air rêveur, que je soupçonnais déjà de vouloir prochainement organiser une partie de bataille navale chez lui

-          Vous avez réussi à trouver leur point G lui dis-je d’un air admiratif…

-          Oui et elles m’en sont reconnaissantes, elles m’ont d’ailleurs toutes donné un petit surnom d’amour…

-          Et quel est-il ? demandais-je  avec impatience

-          Mon petit chou……………………marin !

Ainsi s’acheva notre soirée dans l’hilarité générale. En prenant congés de notre ami nous en étions encore à nous demander si celui-ci n’avait pas été conçu…………dans un sous-marin.

 

 

 

 

 

 

 

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