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les loufoqueries du docteur Chabry
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1 avril 2015

Bûcheron d'avril

 

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Ah les amis on ne se méfiera jamais assez des méfaits de l’alcool. J’en veux pour preuve un très bon ami à moi, bûcheron de profession,  qui, pour me faire plaisir et assister à mon anniversaire, avait consenti  à quitter sa forêt dans laquelle il vivait pour venir s’installer quelques jours chez moi. La particularité du quartier dans lequel je vis, situé à la périphérie de Brest, est la suivante : les poteaux de téléphone et d’électricité sont encore en bois. Cet élément dit comme ça peut vous paraître pour l’instant totalement anodin mais vous verrez par la suite qu’il a son importance. Comme on n’a pas tous les jours 40 ans nous avons bu plus que de raison, enfin, surtout mon ami bûcheron, qui finit la soirée dans un état épouvantable. Avec son air hagard et sa chemise rouge à carreaux sortie du pantalon celui-ci faisait peine à voir. Je décidai donc de le reconduire à sa tente qu’il avait installée devant ma demeure juste à côté de la balançoire de mes filles. Il avait en effet refusé catégoriquement de dormir dans une chambre de la maison au prétexte qu’il préférait dormir à la belle étoile comme dans sa forêt.

- Allons, couche-toi, espèce d'ivrogne !  lui dis-je.  Celui-ci fit le dos rond, joua la soumission.

- N'empêche que j'entends le vent dans les arbres, et les feuilles qui tombent, ça va être bientôt l’hiver.

 - Y a pas d'arbres dans le quartier!  lui répondis-je  excédé. Et y a pas de feuilles non plus puisqu’on est qu’au début du printemps

- J'en ai vu pourtant, insistait-il, mystérieux, en levant son index d'homme ivre. Je le poussai brutalement à l'intérieur de la tente, où il feignit de s'endormir en ronflant.

Etant moi-même parti me coucher, ce qui s’est passé après, je ne peux que l’imaginer mais les choses se sont vraisemblablement déroulées de la sorte.

Après avoir ronflé dix minutes, il se leva péniblement, s’extirpa de la tente, jetant des regards sournois vers ma maison, il prit sa scie mécanique, sortit et réussit à atteindre le trottoir après avoir franchi le talus. Il respira longuement l'air frais de la nuit, eut un gros rire de gorge d'évadé ivre. Sacré menteur de Patrick qui affirmait ne pas voir de forêt ici. C'était quoi, sinon des arbres, tous ces poteaux en cèdre, qui s'échelonnaient le long des trottoirs, de rue en rue, dans toutes les directions ? Les branches, faites d'une multitude de fils de téléphone ou d'électricité, s'entrechoquaient, battues par le vent. Bien sûr les feuilles étaient tombées.....Une soudaine et sauvage envie de faire mordre sa scie fraîchement aiguisée, dans le bois debout, le fit vivement se ruer sur le poteau de téléphone et d'électricité le plus proche, lequel très vite s'écroula, entraînant dans sa chute l'écheveau des fils et causant leur rupture. Toutes les lumières du quartier s'éteignirent. Puis il s'attaqua au poteau suivant….

La suite fut très simple. Nous achevâmes notre nuit au commissariat et fûmes condamnés quelques temps après à une amende salée pour dégradation de biens publics. Inutile de vous dire que je veillerai à l’avenir à ce que ce genre de péripétie ne se reproduise pas. Je touche du bois !

 

 

 

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