« C’est le même »

« C’est le même »

Ma fille Emma a en ce moment la fâcheuse habitude de répéter constamment ces quelques mots « c’est le même ». Ils sont prononcés de telle sorte que cette affirmation de similitude n’appelle aucune objection. C’est le même, un point c’est tout on ne discute pas et on s’exécute. On s’exécute car quand cette phrase est prononcée par ma fille cela suppose qu’elle souhaite s’accaparer d’une chose ou ne pas la restituer.

Ainsi en matière culinaire lorsque je prends mon petit déjeuner avec Emma, je mange un croissant, que je qualifierai de croissant pour adulte, c'est-à-dire un croissant de taille normal, et ma fille, elle, un mini croissant beaucoup plus adapté à son alimentation d’enfant. Et bien vous me croirez si vous voudrez mais après avoir mangé les trois quart de son mini croissant (autant dire qu’il ne reste rien) alors que je n’ai toujours pas commencé le mien elle va, de manière catégorique, m’affirmer que nos croissants sont les même et ,tout en tendant la main vers mon  croissant, me faire comprendre que je dois lui donner le mien, que de toute façon je n’y perdrai pas au change puisque son mini croissant achevé au trois quart c’est la même chose que mon croissant et ,que partant de là, il est logique qu’on s’échange nos croissants.

Autre exemple cette fois-ci en matière littéraire. Lorsque moi et Emma sommes confortablement installés dans notre sofa du salon en train de lire respectivement l’Equipe et Picoti, ma fille va m’interpeller en m’expliquant que ce que nous sommes en train de lire c’est la même chose, que « c’est le même » et que partant de là il est logique que nous échangions nos lectures respectives. Me voilà donc, alors que je m’apprêtais à lire les exploits sportifs de mon club favori, le LOSC pour ne pas le citer, contraint de suivre les péripéties sportives de petit ours brun qui sont, je ne vous le cache pas, beaucoup moins exaltantes, à mes yeux d’adulte, que celles du LOSC.

Dernier exemple cette fois-ci en matière financière illustrant cette fois-ci non pas le choix fait par ma fille de’s’accaparer une chose mais plutôt de ne pasla restituer. Ainsi, si je décide de confier à ma fille mon porte monnaie comprenant pièces et billets pour un montant total d’une cinquantaine d’euros environ, en échange de son porte monnaie ne comprenant lui que quelques piécettes pour un montant total avoisinant les 1 euro, elle considérera, toujours sous le même prétexte que « c’est le même », qu’il n’y a pas lieu de me rendre mon porte monnaie et placera ce dernier dans un lieu sûr dont elle seule a le secret , autant dire que je ne le retrouverai jamais (une montagne de jouets peut ainsi constituer un endroit idéal pour enfouir mon argent..).

Ces exemples illustrent très bien l’audace de ma fille et sont révélateurs, il faut bien le dire de ma soumission envers elle.

Et vous vos enfants « c’est les même » ?