Atchoum !

Les amis, le rhume, aussi appelé coryza, est une maladie de la pire espèce. Je peux même vous dire que je l'ai pris en grippe, le rhume, depuis cette histoire que m'a relaté un des mes meilleurs amis, responsable d'un centre de soins pour policiers dépressifs. Accoudés au comptoir du bar dans lequel nous avions l'habitude de nous retrouver quotidiennement, nous commandâmes deux blancs pêche avant que celui-ci, le visage blême, ne commence son récit.

-  Jamais vu çà...un jeune lieutenant...au fond du trou.....la déprime......à cause d'un foutu rhume !

-Tu te moques de moi lui dis-je, un policier déprime à cause de sa hiérarchie qui le harcèle, à cause de la politique du chiffre, à cause de cette absence d'humanité, de solidarité, du « chacun pour soi » qui règne dans les commissariats....

-Te fatigues pas je te dis que c'est à cause d'un rhume

-Dis moi en plus..

-Il est arrivé chez nous y'a pas longtemps, alcoolique et complètement amorphe. On l'a soigné du mieux qu'on pouvait et c'est seulement une fois qu'il a commencé à se sentir un peu mieux qu'il s'est confié à moi.

-Et..lui dis-je brûlant d'impatience

- Il m'a alors expliqué qu'un jour, bien qu'étant fortement enrhumé, il s'était tout de même rendu à son travail. Puis, accompagné de ses hommes, il avait arrêté  un individu armé jusqu'aux dents sortant d'une banque. Et c'est là que tout a dérapé..

- Comment çà ?

-Il a pointé son flingue sur le voleur et lui a dit avec un aplomb frisant le ridicule qu'au nom de la noix il l'arrêtait.

-Tu veux dire la loi...

-Non tu as bien entendu la noix, notre lieutenant était tellement pris du nez que le « l » s'était transformé en « n ». Je te laisse imaginer la réaction du voleur et pire encore celle des hommes qui l'accompagnaient dans cette interpellation.

-Ils ont ri...

-Tu parles...doux euphémisme...ils se sont esclaffés comme jamais à tel point que le braqueur et les flics étaient comme cul et chemise....et le pire tu sais quoi.. ?

-Non...

- C'est que ça a repris de plus belle au commissariat durant l'interrogatoire. Notre malheureux lieutenant fit remarquer au braqueur qu'il avait violé la noix...de nouveau les rires fusèrent de toutes part et le lieutenant fut prié d'arrêter l'interrogatoire. Le capitaine le remplaça non sans lui jeter un regard moqueur. Les jours qui suivirent furent un calvaire pour le jeune lieutenant qui avait perdu toute crédibilité. Il ne se passa pas un jour sans qu'un collègue ne lui apporte une bouteille de vin de noix (1). La fin tu la connais, il a sombré dans l’alcoolisme puis dans la déprime.

- Le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils les lui ont brisées..lui dis-je

- Quoi donc ?

- Les noix pardis !

Voilà les amis, méfiez vous donc du rhume, maladie oh combien vicelarde capable de stopper net les carrières les plus prometteuses. Et pour ce faire je ne saurai trop vous conseiller ce remède à base de rhum (2)  à prendre tous les soirs et ce jusqu'à la fin de l'hiver. 

Atchoum ! les amis

(1) le vin de noix n'est pas un vin, il ne fermente pas. C'est un apéritif à base de vin dans lequel on a fait macérer des noix. C'est un bon apéritif auquel on attribue des vertus digestives et dépuratives

(2) Un peu de rhum blanc ( 50 à 55 degré ) selon vos capacités, le jus de 2 citrons verts,  1 cuillerée à soupe de sucre de canne