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les loufoqueries du docteur Chabry
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27 janvier 2012

Le professeur Cure crée son usine de fabrication d’implants mammaires

 imagesusine

 C’est dans son usine nouvellement créée, située rue des mammaires à Guéret dans la Creuse, que le professeur Cure m’accueillit avec une joie et un enthousiasme débordant.

 - Eh bien mon cher ami que pensez-vous de cela ? me demanda le professeur en me montrant son usine dans laquelle s’activait une centaine d’ouvrières réparties sur la chaîne de montages.

 Devant mon air estomaqué le professeur reprit :

 

- Que voulez-vous, il fallait bien réagir face à ce scandale sanitaire qui secoue la France et le monde entier. Pas moins de 30 000 femmes sont concernées en France, le marché est considérable !

- vous voulez parler de ces femmes porteuses d’implants mammaires défectueux, remplis d'un gel silicone non conforme et irritant, conçus par la société française Poly Implants Protheses (PIP) ?

- oui, c’est quand même bien malheureux de devoir procéder sur ces femmes à l’explantation, ou si vous préférez à l’enlèvement, de ces prothèses, après çà il faudra bien leur proposer à ces malheureuses des implants mammaires substitutifs, c’est pourquoi j’ai décidé de créer cette usine axée sur la production de prothèses mammaires révolutionnaires, vous m’entendez bien révolutionnaires ! Car il faut les rassurer ces femmes victimes du professeur Nimbus.

- le professeur Nimbus ?

- oui c’est le surnom donné à Jean-Claude Mas, créateur de la société PIP. Vous savez ce n’est pas dans mon habitude de dire du mal de mes collègues mais force est de reconnaître que le professeur Nimbus a fait une faute professionnelle impardonnable en négligeant le taux de rupture de ses implants. Ces derniers, tenez vous bien mon cher ami, présentaient un taux de rupture deux fois supérieur à la moyenne ! Quand on sait en plus qu’il avait remplacé le gel de silicone biomédical par une huile de silicone « maison » cinq fois moins chère et particulièrement toxique, je vous laisse imaginer les dégâts sur les clientes. Et vous savez quoi ?

-Non ?

- le taux de rupture de mes implants est, tenez vous bien, de.0%, oui vous avez bien entendu 0% !!

- Professeur, vous parlez de vos implants capillaires là ?

- Ne vous moquez pas de moi, je vous en prie, c’est déjà assez pénible comme çà de perdre ses cheveux, non je vous parle des prothèses mammaires que je produis dans cette usine et qui, je vous le répète, sont révolutionnaires !

- quel est votre secret Professeur ?

- des prothèses à profil ultra haut………….en métal ou si vous préférez des obus ! Inutile de vous dire que le risque de rupture est nul. Je ne fais, en quelque sorte, que soigner le mal par le mal car les prothèses du professeur Nimbus, implantées sur ces 30 000 femmes, ne sont ni plus ni moins que des « bombes à retardement »

- c’est énorme ce que vous me dîtes là Professeur

- oui c’est ce que disent aussi mes clientes une fois l’opération pratiquée, je ne sais pas vous mais moi j’ai toujours aimé voir les seins pointés comme des obus !!!

- ne me dîtes pas professeur que vous êtes aussi chirurgien plasticien ?

- çà vous en bouche un coin mon cher ami, eh oui je suis polyvalent, je conçois le produit et je l’installe, vous savez, entre nous, ce n’est pas très compliqué, j’effectue une incision sous mammaire et hop le tour est joué !

- mais qu’est ce que votre mère vient faire la dedans Professeur ?

 Le professeur éclata de rire et me conduisit dans un hangar jouxtant le bâtiment principal de l’usine et dans lequel étaient entreposés tous les obus produits.

 - impressionnant n’est ce pas ? Nous avons déjà produit 60 000 unités. Tenez voici le modèle qui fait fureur auprès de mes clientes désirant une augmentation mammaire importante !

 Le Professeur me mit dans les mains un petit obus d’un poids et d’une taille ma foi non négligeables et sur lequel étaient gravé dans le métal le chiffre 120 et la lettre Z. Devant mon air intrigué, le Professeur m’apporta l’explication :

 - il s’agit en fait des références correspondant à la taille de soutien- gorge nécessaire pour cet implant, en l’occurrence il convient, avec ce modèle de porter un soutien- gorge de taille 120 bonnet Z.

- mais ces soutiens-gorge n’existent pas dans le commerce Professeur ?

- j’en suis bien conscient mon cher ami c’est pourquoi je les produis également dans cette usine, de toute façon ils ont une particularité.

- ah oui laquelle ?

- ils sont à armatures métalliques, il faut bien çà pour supporter cette charge

- à propos de charge, Professeur, qu’en est –il des charges explosives contenues dans vos obus ?

 Subitement le visage du Professeur s’assombrit.

 - Vous avez le don, cher ami, pour aborder les sujets qui fâchent

- Comment cela ?

- les premières unités produites dans mon usine contenaient des charges explosives, c’était ce qu’on appelle des obus à charge creuse(1), comme mon usine était implantée dans la Creuse il m’apparaissait logique de rendre hommage à ce beau département en concevant ce type d’obus sauf que la première cliente, sur laquelle je les ai implantées, en a malheureusement fait les frais, elle a essuyé les plâtres si je puis dire….

- ne me dîtes pas que…..

- si, si je vous le dis, elle a volé en éclats dès le lendemain de l’opération, elle a littéralement explosé mais rassurez vous mon cher ami ils n’ont pas eu le temps de souffrir

-comment çà ils ?

- son mari a également péri dans l’explosion c’est d’ailleurs lui qui est à l’origine de ce drame. Il a vraisemblablement massé les seins de sa femme avec une frénésie ma foi fort compréhensible mais qui lui a, pour le coup, coûté la vie. Vous savez c’est sensible ces machins là..Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ont douillé (2) !!

- mais Professeur ne craignez vous pas que la Police remonte jusqu’à vous, une enquête policière doit être en cours ?

- oui mais elle ne donnera rien

- et pourquoi çà ?

- le mari de la dite femme était démineur militaire de profession, les enquêteurs ont considéré qu’il était mort dans l’exercice de ses fonctions, çà plus le secret défense je ne crains rien

- tout de même Professeur c’est des terrains qu’on démine, pas des femmes

- disons que sa femme était……….. son terrain de jeu, tout de même quel gâchis c’était une bombe cette nana là !

- Vous ne pensez pas si bien dire Professeur

 Bien que l’heure ne fut pas encore celle de l’happy hour, une soif énorme étreignait les gorges du Professeur et de moi-même et c’est d’un commun accord que nous primes la direction du centre ville de Guéret et du bar PMU de la Poste plus précisément.

 - Qu’est ce qu’on boit ? me demanda le Professeur, des cocktails ou des canons ?

Le professeur n’avait pas perdu sons sens de l’humour, après m’avoir longuement parlé d’obus, il me proposait désormais de boire des canons. Un peu lassé par cette conversation sur les obus j’optais pour les cocktails.

 - excellent choix mon cher me répondit avec entrain le Professeur, ils font dans ce bar des petits cocktails Molotov, je ne vous dis que çà, spécialité de la maison !

 Après avoir consommé une dizaine de cocktails chacun, je fis remarquer au Professeur que j’étais épaté par sa capacité à rebondir malgré l’échec cuisant qu’il avait subi sur sa première cliente. Plus d’un entrepreneur aurait, après ça, mis la clef sous la porte, le Professeur Cure, lui au lieu de ça, avait au contraire maintenu son activité de fabrication de prothèses mammaires.

 - il m’était impossible d’arrêter mon activité, les habitantes de la Creuse ne me l’auraient jamais pardonné, savez-vous mon cher qu’elles représentent la part la plus importante de mon chiffre d’affaires ?

- comment expliquez-vous cela Professeur ?

- voyez-vous toutes les habitantes de la Creuse ont la particularité d’avoir une poitrine creuse, comme le nom de leur département, une poitrine amaigrie si vous préférez. En apprenant, par la presse locale, mon implantation dans la ville de Guéret, préfecture du département, elles ont tout de suite été fortement demandeuses de mes implants. Toutes les habitantes de la Creuse vous le diront, elles rêvent d’une poitrine rebondie. Par conséquent mon usine se doit d’être productive

- et vous l’êtes productif ?

- depuis l’explosion fâcheuse de ma première cliente, j’ai su rectifier le tir si j’ose m’exprimer ainsi. C’était finalement un mal pour un bien. En effet, suite à ça, j’ai fait supprimer de la chaîne de montage les postes de travail correspondant à la pose de la charge explosive dans l’obus. Nous avons pu ainsi améliorer notre productivité de manière considérable et dégager des gains de productivité que je qualifierai de « D.D.M.P »

- D.D.M.P ?

- oui des gains de productivité versés Directement Dans Ma Poche !

- tout de même Professeur vous pourriez en reversez une partie à vos ouvrières en leur accordant une hausse des salaires ou le versement de primes.

- vous n’avez pas tort, mon cher, c’est vrai qu’elles font un travail remarquable, vous les avez d’ailleurs vu à l’œuvre tout à l’heure. J’ai d’ailleurs un petit faible pour mes « mousseuses »

- les mousseuses ? Moi qui croyais que votre préférence allait plutôt pour les mousseux (3)

- mais non mon cher ami je vous parle de mes ouvrières dont la tâche consiste à entourer l’obus d’une épaisse mousse de protection, c’est elles que j’appelle mes mousseuses, vous ne pensiez tout de même pas que j’implantais les obus à l’état brut sur mes clientes ? Voyez vous mon cher le point fort de mes prothèses c’est qu’elles allient la sécurité du métal, aucun risque de rupture des prothèses, et le confort de la mousse. Elles permettent d’obtenir des seins à la fois fermes, pour ne pas dire durs, et doux au toucher grâce à cette épaisse mousse de protection.

- vos prothèses mammaires n’ont désormais plus aucun défaut, félicitations Professeur

 Subitement le Professeur prit un air gêné et ajouta

 - je vais être franc avec vous elles ont quand même un sacré défaut

- ah oui lequel ?

- avec ce genre d’engins dans le corps mes clientes ne peuvent plus dormir sur le ventre, c’est tout bonnement impossible, vous avez déjà essayé de dormir sur le ventre avec des obus à la place des seins ? Essayez vous verrez c’est impossible.

- je veux bien vous croire Professeur.

 Après avoir fait la fermeture du bar, le Professeur me raccompagna à la gare ferroviaire de Guéret. Sur le quai, alors que j’attendais désespérément mon train, il me remit un petit cadeau en guise d’adieu.

 - vous ne l’ouvrirez qu’une fois dans le train, promettez moi

 Les larmes aux yeux, je remerciai le Professeur de son accueil si chaleureux et de son cadeau. Ce dernier, un petit paquet de forme carré, avait été enroulé d’une épaisse mousse de protection, de telle sorte qu’il m’était impossible de deviner la nature de celui-ci. Constatant mon air intrigué il ajouta

 - comme je n’avais plus de papier cadeau j’ai utilisé la mousse que mes ouvrières utilisent pour enrouler les obus

 Deux heures plus tard mon train arriva, entre temps le Professeur était reparti m’expliquant que des obligations professionnelles l’obligeaient à rejoindre de toute urgence son usine. Une fois dans le train j’ôtais délicatement la mousse du paquet. Pour ne rien vous cacher, je redoutais que le Professeur m’ait fait une petite blague dont il avait le secret, le genre de blague qui vous explose au visage si vous voyez ce que je veux dire. Je me demandais s’il n’avait pas mis une mine antipersonnel. C’est pourquoi je fus plutôt satisfait de découvrir que le cadeau en question était en fait un CD, il s’agissait de l’album « crache ton venin » du groupe Téléphone de 1979. En me faisant cette offrande, le Professeur avait surtout voulu se débarrasser d’un album dont l’écoute lui était devenue insoutenable. En effet le titre « Bombe Humaine » figurait sur celui-ci et devait lui rappeler de trop mauvais souvenirs. Sacré Professeur !

 La bombe humaine tu la tiens dans ta main
Tu as l'détonateur juste à
côté du coeur
La bombe humaine , c'est toi elle t'appartient
Si tu laisses quelqu'un prendre en main ton
destin
C'est
la fin , la fin”

(1) Le déclenchement d'une charge creuse fait subir de gros dégâts à un blindage, qui est généralement transpercé dans le cas d'un impact suivant une trajectoire perpendiculaire à son plan

(2) L’expression est ici subtilement employée par le Professeur puisque la douille est l’élément abritant la charge propulsive

(3) Les vins mousseux français les plus connus sont les vins de Champagne, les crémants de Loire, de Bourgogne et d'Alsace, la clairette de Die ou encore la blanquette de Limoux

 

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