la paghjella où comment permettre à l'AC Ajaccio de renouer avec de bons résultats sportifs

Les amis, voici une initiative qu’il convient de mettre à l’honneur, celle de l’AC Ajaccio (ACA), club de football de ligue 1. En effet le club a signé, en partenariat avec la collectivité territoriale de Corse, la charte de la langue corse. Cette charte va permettre à l’ACA de promouvoir le corse de différentes façons, en offrant la possibilité à ceux qui le souhaitent d’apprendre la langue à travers des formations, en instaurant le double langage au niveau de l’affichage et de la signalétique du stade et en ayant un site Internet également disponible en langue corse.  

J’ose espérer, les amis, que les dirigeants du club corse iront encore plus loin dans leur volonté de promouvoir le Corse. Société de tradition orale, la Corse a toujours manifesté une véritable passion pour toute forme d'expression orale. Cette passion trouve son plus bel aboutissement dans le chant qui, de tout temps, a rythmé la vie quotidienne.C'est pourquoi je propose aux dirigeants corse de l'ACA d'imposer aux joueurs, avant chaque match, d'entonner un petit chant polyphonique. Les joueurs de l'ACA ne seraient plus seulement des footballeurs mais également de véritables chanteurs de paghjella, forme la plus représentative du chant corse, faisant la part belle à la voix humaine, à l'émotion qu'elle véhicule, bien au-delà des mots.L'image des chanteurs de paghjella disposés en demi-cercle, le bras passé parfois sur l'épaule du voisin, la main à l'oreille (soit pour écouter les autres chanteurs, soit pour mieux entendre son propre chant), est désormais connue du monde entier. D'ailleurs la paghjella a été classée en 2009 au patrimoine culturel de l'UNESCO, ce n'est pas rien tout de même. Aussi j'invite les joueurs de l'ACA, avant chaque match, d'utiliser le rond central du terrain pour se mettre en demi-cercle et entonner à capella un chant âpre, rugueux et violent. Et le moins que l'on puisse dire c'est que celui-ci serait tout aussi efficace que le fameux « haka » des Alls Blacks, l'équipe de rugby néozélandaise, qui pétrifie leurs adversaires. En plus d'intimider leurs adversaires, l'AC Ajaccio, grâce à la paghjella, renouerait avec des resultats sportifs plus glorieux que ceux qu'ils obtiennent actuellement. En effet, touts les chanteurs de paghjella vous le diront, celle-ci est une drogue régénérante qui insuffle une sensation de toute puissance, d’efficacité d’action, de surpassement de soi et qui permet effectivement à l’individu de repousser ses limites jusqu’à l’extrême. L'AC Ajaccio a donc tout à gagner en instaurant cette pratique chez ses joueurs.

Pour ce qui est du coup d'envoi des matchs à domicile, je pense qu'il serait logique que ce soit un berger, accompagné de son troupeau, qui le donne. En effet les chants polyphoniques (A pulifunia Corsa) étaient à la base des chants de berger qui durant leurs séjours en montagne chantaient des paghjelle (au singulier paghjella). Ca serait ainsi une façon de leur rendre hommage. Il va de soit que cette mesure apparaît difficile à mettre en oeuvre pour les matchs à l'extérieur, cela necessiterait le transport par avion du berger et de son troupeau, en outre je ne suis pas certain que les moutons apprécieraient les pelouses synthétiques de Nancy et de Lorient, à brouter y'a mieux vous en conviendrez.  

Je terminerai ma prose, mes amis, par un proverbe corse, et comme j'ai le souci de la transition je me suis dit qu'un proverbe sur les moutons ferait l'affaire.

U muntòne chi un pórta a so lana è una pecura

le mouton qui ne porte pas sa toison est une brebis

(disait un vieillard aux jeunes hommes qui rasaient leur barbe).

 Je laisse les dirigeants de l'AC Ajaccio méditer sur ce dicton et je compte sur eux pour imposer le port de la barbe aux joueurs!

 

 les chanteurs de paghjella et le berger corse